Humidité et arthrose: liées?

Y a-t-il une relation entre la pluie ou son arrivée prochaine, et l'apparition ou l'exacerbation de douleurs articulaires? Qui n'a pas entendu dans son entourage (ou n'a pas dit lui même...) « mes articulations me font mal, la pluie arrive! ». Qu'en est-il pour nos articulations de voyageurs des mers ? Qu'est-ce qui explique que nos météorologistes-maison semblent parfois assez bien prévoir l'arrivée du mauvais temps?

Que perçoivent-ils?

Partant de ces observations, plusieurs études ont cherché à montrer si l'hygrométrie avait un effet sur les douleurs articulaires. La conclusion est qu'aucune relation n'a pu être prouvée. Et pourtant, certains souffrent plus à l'arrivée du mauvais temps ! Si ce n'est pas l'humidité, c'est un autre paramètre du climat qui fait parler nos prévisionnistes-maison: la pression atmosphérique.
Il semble, sans toutefois être généralisable à toute personne souffrant de douleur articulaire, que ce soit la diminution rapide de la pression atmosphérique qui cause ou amplifie les douleurs articulaires.


En effet, les masses d'air sont caractérisées par trois paramètres qui évoluent ensemble: pression, humidité et température, l'hygrométrie d'une masse d'air de basse pression est importante, elle diminue en même temps que la pression s'élève.
D'où la confusion dans les esprits, d'autant qu'on voit facilement les changements d'hygrométrie ( beau temps ou pluie) mais pas les changements de pression atmosphérique!
Donc, pas de panique, nos articulations n'ont rien à craindre de l'atmosphère humide quand on vit en mer, et on tombe dans un problème plus général de l'effet d'une masse d'air de pression variable.

Arthrite, arthrose et articulations

Nos os s'articulent selon plusieurs modes : articulation mobile (par ex : genou, doigts, coude, épaule, hanche), semi mobile (par ex : la colonne vertébrale) ou fixe comme entre les os du crâne.
Les articulations sensibles aux variations de pression atmosphérique sont les articulations mobiles. Celles-ci sont constituées des deux extrémités osseuses, recouvertes d'une couche lisse de cartilage (surface limitant les forces de frottement lors des mouvements) et séparées par un liquide jouant le rôle de coussin amortisseur et de lubrifiant. Les deux extrémités osseuses glissent sur leurs cartilages lubrifiés, en douceur tant que les cartilages sont de bonne qualité.

Les cartilages s'usent en vieillissant mais aussi lorsque les articulations sont très sollicitées ; ils s'affinent, peuvent disparaitre et présenter une surface irrégulière. Conséquences douloureuses : l'articulation s'enflamme et gonfle, les mouvements deviennent douloureux et difficiles. Selon la fréquence d'apparition de la douleur, on parle d'arthrite -crise isolée dans le temps – ou d'arthrose où la douleur devient chronique et l'articulation finit par se déformer.

Potentiellement, qui est sensible?

Il a été prouvé une bonne corrélation entre l'arthrose du genou et le changement de pression atmosphérique (étude faite aux Etats Unis en 2007) montrant que les douleurs arthritiques se réveillent lorsque la pression atmosphérique diminue rapidement ; cela se traduit par des crises d'arthrite ou des douleurs exacerbées chez les personnes souffrant déjà d'arthrose.

Les autres pathologies articulaires ne semblent pas affectées. Quant aux divers tendons et ligaments qui maintiennent l'articulation en place et aux os, même vieillissants ( = atteints d'ostéroporose qui est une perte de densité de l'os), ils ne sont pas concernés par les brusques diminutions de pression atmosphérique.

Pourquoi la douleur ?

Voila qui est plus compliqué à développer car il n'existe pas de consensus sur les mécanismes mis en jeu lors d'une brusque baisse de la pression atmosphérique. Les hypothèses ne manquent pas:

-La baisse de la pression atmosphérique se répercute sur la pression du liquide articulaire. Il joue moins bien son rôle de coussin amortisseur, d'où la douleur lors des mouvements, et ce d'autant plus que les cartilages sont usés.

-Sur une articulation sensible (= déjà enflée), la baisse de la pression atmosphérique provoque une expansion des tissus mous (tendons, ligaments, muscles) et aggrave le gonflement de l'articulation. Cela renforce le message nerveux « douloureux » créé par certains nerfs de l'articulation : la douleur augmente.

-La douleur peut également venir de la libération de médiateurs inflammatoires autour de l'articulation.

-La diminution de la pression atmosphérique agit sur le psychisme : elle entraine une baisse d'humeur et un inconfort où la douleur est ressentie comme plus intense.

 

Bilan : L'humidité élevée de l'air (marin ou terrestre) n'est pas en cause dans l'apparition ou l'intensification de douleurs articulaires. C'est la diminution rapide de la pression atmosphérique, caractérisant l'arrivée d'une masse d'air humide, qui est parfois ressentie par les personnes sujettes à l'arthrite ou l'arthrose.
Vivre dans l'air marin -forcément humide mais forcément de basse pression- ne compromet pas la santé de nos articulations de marins.

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Commentaires

  • goi denis
    • 1. goi denis Le 28/11/2017
    Bonjour
    j ai testé par hasard le phénomène de la pression sur les articulations; étant pilote avion amateur après un vol en altitude moyenne de 3000 ou 35000 pieds je ressentais après avoir atterri des douleurs aux cervicales suite a de l 'arthrose; en volant plus bas avec un ulm (1200peids) aucune douleurs n'est apparues ; il faudrait reconduire l'expérience sur de nombreuses personnes mais pour moi cela se produit à chaque fois sachant que l'effet est moins évident
    par une météo avec haute pression au sol.
    • masaryk
      • masarykLe 31/10/2018
      Bonjour Denis, excuse moi de répondre si tard à ton commentaire (internet so difficile!) qui confirme, au moins pour toi, l'influence de la pression atmosphérique sur les douleurs d'arthrose; l'originalité de ton expérience est que c'est le vol en avion ou en ulm qui change la pression atmosphérique et non le climat, mais les douleurs sont bien accentuée par une diminution rapide de la pression atmosphérique. Et effectivement, ça serait à expérimenter avec d'autres "volants"! Avis aux amateurs...
  • Sylvana 175
    • 2. Sylvana 175 Le 19/09/2017
    Donc si je suis dans un endroit ou l'air est sec mais que la pression atmosphérique est très basse par exemple un ciel couvert accompagné d'un vent de terre donnant à la fois un faible taux d'humidité et un temps gris il est donc possible d'attraper des douleurs non pas à cause de l'humidité de l'air mais à cause d'une basse pression.

    Exemple taux d'humidité à 20% mais temps très nuageux.

    A l'inverse le taux d'humidité peut être de 60% et le ciel est dégagé et la pression est très haute.

    Je me demande quelle est la situation la plus nocive pour les douleurs dans ce cas là.

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