Café : notre allié du bord!

A bord, nous sommes de grands consommateurs de café. nous l'attaquons au lever et nous vivons sous « perfusion » de café toute la journée jusqu'au coucher et ce, depuis des dizaines d'années. Et cela continue la nuit quand on est en traversée, la « perfusion » devient ininterrompue du jour du départ au jour de l'arrivée, le café réchauffe quand la nuit est froide, maintient notre vigilance, c'est notre compagnon de quart.
Alors grande question : quels sont les effets de cette boisson lorsqu'elle est consommée massivement ? Dans la foulée, on étend l'étude à la consommation de café en général. Et bonne surprise ! Des effets bénéfiques insoupçonnés émergent au fur et à mesure des recherches documentaires - notamment sur des maladies dégénératives du cerveau ou le diabète- alors que certains discours pessimistes nous font craindre de voir notre petit cœur lâcher si l'on boit trop de café.

Tour d'horizon d'une boisson parmi les plus consommées au monde

Le café est consommé essentiellement pour son arôme et son goût -on aime ou on n'aime pas- et dans certaines circonstances, quand on a envie ou besoin d'accroitre sa vigilance. Et voilà qu'entre en scène la caféine, l'un des constituants les plus connus du café.
Le taux de caféine est variable: une tasse de robusta fournit 2 à 3 fois plus de caféine qu'une tasse d'arabica ; les cafés des machines sous pression contiennent deux fois plus de caféine que les cafés solubles ou les cafés-filtre.
Donc si c'est l'effet de la caféine qui est recherché (nuit de quart solitaire avec panne de radar etc...), mieux vaut se préparer une tasse de robusta avec une cafetière italienne!

Mais le café, c'est plus que la caféine. Le café noir non sucré est aussi une source de minéraux (potassium, magnésium et manganèse, calcium, sélénium et cuivre) et de vitamines du groupe B (B2, B3 et B5). Sous forme de boisson, le café apporte de l'eau. Il n'apporte quasiment pas d'énergie et ne booste pas le corps comme peut le faire une barre chocolatée.
Par quel mécanisme le café donne-t-il un "coup de fouet" lorsque l'on est fatigué?

Pour les buveurs occasionnels de café, la caféine active toutes les fonctions permettant d'être plus performant mentalement et physiquement.

Mentalement, la caféine fait diminuer la sensation d'être fatigué, sans pour autant éliminer le besoin de dormir. Elle rend l'endormissement et l'apparition du sommeil plus difficiles ; résultats : moins de somnolence, une vigilance accrue et une meilleure résistance à la fatigue. La caféine diminue les temps de perception et de réaction donc on est plus performant pour analyser une situation, réagir et ce même en étant fatigué. Dans cet état d'éveil artificiel, la caféine agit directement en s'opposant à l'action d'un neuromodulateur, l'adénosine.

Physiquement, la caféine favorise des mécanismes qui améliorent le fonctionnement des muscles : la respiration est plus efficace et l'apport d'oxygène dans le sang est meilleur pendant l'effort ; le cœur bat plus vite et se contracte plus facilement, faisant circuler le sang plus rapidement vers les muscles (entre autres) ; la circulation sanguine est « détournée » vers les muscles: elle augmente dans les muscles et diminue dans les autres organes sauf le cerveau. Les muscles, recevant plus d'oxygène et plus vite, deviennent plus efficaces. Ces effets résultent directement de l'action de l'adrénaline – hormone du stress - dont l'action est induite et prolongée par la caféine.
Ce dispositif d'urgence et de survie nous a été légué par nos lointains ancêtres des cavernes, dont la survie dépendait de l'efficacité musculaire dans le combat ou la fuite. Chez nous, hommes modernes des cavernes flottantes, il a aussi son utilité : analyser la situation, décider rapidement si on fuit ou si on lutte (parfois clairement on n'a pas le choix, il faut lutter !) et mettre tout son cerveau et ses muscles au service de la lutte contre un gros coup de vent, une grosse mer, un gros paquebot ...
Dommage que ça ne marche pas à tous les coups et que les effets de la caféine sont moins sensibles, voire pas du tout sensibles chez les gros consommateurs de café, sauf au niveau du cœur.

Les effets de la caféine sur le cerveau se ressentent après 10 minutes, le taux de caféine est maximum 1 heure après l'ingestion puis diminue lentement dans les heures qui suivent.
Il n'y a plus de caféine détectable dans le corps après 24 heures.

Outre l'éveil artificiel développé plus haut, la caféine agit sur les structures nerveuses avec des effets plutôt négatifs (-) ou des effets plutôt positifs (+) :

(-) elle change l'humeur :
le café consommé en grande quantité peut accentuer l'anxiété, l'irritabilité et la nervosité chez les personnes sensibles (à déconseiller aux équipages déjà enclins aux coups de gueule?).
L'arrêt du café chez un gros buveur produit les mêmes effets dans les 24 à 48 heures, auxquels se rajoutent une léthargie, des sentiments de violence et de rejet, des maux de tête, des nausées, une diminution de la tension et du rythme cardiaque selon les personnes.
(Bien faire attention à l'appro' en café pour éviter la panne sèche 24 à 48 h avant un coup dur !)

(+) elle ne crée pas de dépendance, malgré les effets cités ci-dessus. Dans le sens où ce mot est utilisé pour qualifier l'addition à une drogue: la dépendance consiste à consommer une substance malgré ses effets néfastes pour la santé, à avoir un besoin irrépressible d'en consommer, et la substance active les circuits nerveux de la récompense impliqués dans le mécanisme de la dépendance à une substance ou une activité . Ce n'est pas le cas de la caféine.

(+)elle diminue l'intensité et la durée des migraines.

(+)elle améliore la concentration et la mémoire à court terme quand l'information à se rappeler est liée au train de pensée, mais
(-) aurait l'effet inverse sur la mémoire à court terme lorsque l'information n'a pas de rapport avec le train de pensée ( =on sait qu'on sait mais on n'arrive pas à retrouver le nom ou le mot cherché...).

(+) elle retarde la perte de mémoire due à l'âge, en particulier chez la femme*

(+)elle prévient les maladies neuro-dégénératives comme la maladie de Parkinson (effet montré chez l'homme mais pas chez la femme)*

* pour une consommation de café tout au long de la vie. Cela serait du à un effet de la caféine et/ou des antioxydants du café, sans pourvoir encore précisément attribuer le mérite à l'un ou l'autre de ces composants.

(-) : effet plutôt négatif (+) : effet plutôt positif

-sur la digestion :
(-)le café détend le muscle fermant le passage entre l'œsophage et l'estomac (comme le thé) et active la sécrétion d'acide par l'estomac, cela favorise le reflux gastro-oesophagien chez les personnes sensibles avec des remontées acides venant de l'estomac . Donc éviter le café si l'on souffre déjà de reflux ou d'ulcère à l'estomac.
(+)le café consommé juste après le repas accélère la digestion des graisses alimentaires ainsi que l'absorption des vitamines liposolubles alimentaires ( Vitamines A, D et E)dans le sang.
(-) le café, comme le thé, consommé pendant le repas diminue l'absorption du fer alimentaire.

-sur l'excrétion :
(-)le café augmente légèrement la diurèse (volume d'urine émis en 24 heures), d'où une possible déshydratation que l'on compense facilement en buvant plus de liquide.
(-) le café augmente les pertes urinaires de calcium et de magnésium: des études suggèrent qu'au-delà de 4 tasses par jour, il conviendrait de compenser la perte de calcium en consommant plus de lait et de produits laitiers et celle de magnésium (avec du chocolat noir en mode super gourmand, ou de l'eau minérale riche en magnésium).

-cancer et diabète
(+)Il n'y a aucune preuve que le café est cancérigène.
(+)des études récentes indiquent que la consommation de café (de 2 à plus de 7 tasses par jour) prévient l'apparition du diabète, avec un effet optimal pour 5 à 6 tasses de café par jour.

-spécial femmes :
(+/-) le café induit la lipolyse, c'est-à-dire l'utilisation des réserves de graisses. Peut-on le considérer comme une petite aide pour maigrir? La caféine traverse difficilement la peau, est-elle réellement efficace sur les capitons de graisse lorsqu'elle est appliquée localement dans des crèmes amincissantes ?
(+)une femme enceinte peut s'autoriser jusqu'à 2 tasses de café par jour ; au-delà, il faut faire attention au surdosage pour le bébé et au risque de fausse couche (au-delà de 5 tasses de café).
(-)si vous êtes sujettes au syndrome prémenstruel, sachez que la caféine bue pendant la 2ème partie du cycle accentue les symptômes d'irritabilité, d'anxiété, de seins douloureux et de fatigue.

Il pourrait effectivement y avoir des perturbations du fonctionnement cardiaque (palpitations, augmentation de la tension) lorsqu'une personne non habituée boit du café à haute dose. Mais on n'a jamais constaté de surdosage de caféine en buvant seulement du café, les seuls cas d'intoxication avec risque mortel correspondent à d'autres modes d'administration de caféine (comprimés, injectée...).
Le café joue un rôle sur le cerveau, la respiration, la circulation sanguine, les muscles, la digestion, l'excrétion urinaire.
Des études récentes suggèrent que le café aurait un impact positif dans la prévention des grandes maladies de notre siècle : diabète, Parkinson, Alzheimer et autres maladies dégénératives comme les maladies cardiovasculaires, grâce à ses propriétés anti-oxydantes mais on manque actuellement de recul pour affirmer que les antioxydants du café en seraient responsables, comme le sont ceux d'aliments qui ont été plus étudiés (thé, fruits et légume, vin rouge... voir l'article « antioxydants antivieillissement »).